Extrait de la newsletter XVI.29 du Père Daniel

16-07-2021

Chers amis,

La première et la plus importante caractéristique de notre identité et de notre dignité humaine réside, comme nous l’avons démontré la dernière fois, dans le fait que nous sommes créés par Dieu à son image. Dieu nous permet de participer à sa propre vie en nous donnant la raison et le libre arbitre, c’est-à-dire une conscience, quelque chose d’unique dans l’univers entier. Ainsi, nous sommes en mesure de Le connaître et d’accepter son invitation à partager sa vie. 

Notre deuxième caractéristique est la suivante : nous sommes créés avec un désir insatiable. Être humain, c’est désirer sans cesse.  Nous sommes comme un paquet de désirs sans fin. Si nous avons un grand rêve, nous disons que nous serons parfaitement heureux pour le reste de notre vie si nous pouvons le réaliser.  Et nous savons nous-mêmes que c’est une illusion, parce qu’ensuite nous aspirons à autre chose. Après tout, nous devons dire que nous sommes désir, et pas seulement que nous avons des désirs. Quand nous étions enfants, nous sommes sortis du ventre de notre mère en pleurant. Nous y avons vécu protégés, en sécurité et en sûreté. Le son, la lumière et le toucher étaient atténués. Ensuite, nous sommes venus au monde nu et avons été directement exposés à la lumière vive, aux bruits forts et au toucher direct. Nous avons pleuré parce que nous étions si nécessiteux et ne pouvions pas prendre soin de nous-mêmes.

Nous portons toute notre vie quelque chose de cet enfant qui pleure, parce que nous ne sommes jamais capables de satisfaire nos désirs les plus profonds. Notre cœur est trop grand pour être satisfait par quoi que ce soit sur terre.  La raison réside dans le fait que Dieu nous a créés à son image pour qu’un jour nous soyons parfaitement heureux en Lui. Nous n’avons pas été créés pour ce monde transitoire. Ce monde a été créé pour nous et nous avons été créés pour le bonheur parfait et la vie éternelle en Dieu. Nous sommes attirés par Lui comme le fer par un aimant. En fait, tous nos désirs ne sont que des expressions différentes de l’unique grand désir de Dieu. Nous pouvons nous peindre nous-même avec un très grand D et dans celui-ci rien que des petits d. 

L’art de la vie consiste à accepter cela et à en vivre. Il s’agit de reconnaître que toutes les valeurs terrestres ne peuvent nous satisfaire que de manière limitée. Alors nous pouvons aussi vraiment en jouir (de manière limitée). C’est pourquoi Jésus dit dans les Béatitudes : Heureux vous qui êtes pauvres…, qui avez maintenant faim…, qui pleurez maintenant… (Luc, 6, 20-22). Jouissez de la vie (de façon limitée), mais continuez à chérir l’enfant qui pleure en vous, continuez à garder cette faim d’absolu dans votre cœur, continuez à reconnaître votre pauvreté et votre insatiabilité, et ne vous laissez pas tromper par l’illusion qu’il existe quoi que ce soit sur terre qui puisse vous rendre parfaitement et éternellement heureux. Veillez à ce que le flux le plus profond de votre vie ne soit pas bloqué en vous attachant à une valeur terrestre comme s’il s’agissait de votre bien suprême, car elle devient alors une idole trompeuse. Le premier commandement de la Bible est : aimer Dieu par-dessus tout. La première interdiction est la suivante : tu n’adoreras pas les idoles. Jésus veut que nous possédions pleinement sa joie (Jean 17,13). Nous avons été créés pour rien de moins que le bonheur parfait, l’amour infini de Dieu lui-même et la vie éternelle avec lui. Et tout le reste, auquel nous sommes trop attachés, peut devenir une entrave, une idole. Cela s’applique non seulement aux richesses terrestres, aux possessions, à l’argent, aux honneurs, au pouvoir, à l’alcool, aux drogues, au sexe… mais aussi aux plus hautes valeurs morales, telles que l’amour du mari et de la femme, l’amour des parents envers leurs enfants, etc… Tout cela reste des valeurs secondaires, des valeurs subordonnées. C’est pourquoi Jésus dit aussi que celui qui aime ses enfants, ses parents… ” plus que Moi “, n’est pas digne d’être son disciple (Matthieu 10, 37). Il ne s’agit pas d’une invitation à réduire l’amour mutuel, mais au contraire d’une exhortation à garder à l’esprit notre but ultime et à accroître notre amour pour Dieu. Lorsque cette centrale du courant principal sera en ordre, nous recevrons également d’elle toute l’énergie dont nous avons besoin pour accroître notre amour mutuel. Jésus dit : “Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire” (Jean 15,5).

Lorsque nous ne reconnaissons pas ce désir profond de Dieu qui est en nous, et que nous ne le nourrissons pas correctement, c’est comme si le courant principal tombait en panne. Il y a un court-circuit entre notre désir le plus profond et les nombreux désirs limités.   Nous fuyons alors à la poursuite d’un plaisir momentané et nous nous accrochons frénétiquement à des satisfactions éphémères, qui laissent un sentiment de vide toujours plus grand.  Et cette recherche du plaisir momentané peut se trouver dans n’importe quoi. Certains se préoccupent tellement de leur santé physique qu’elle devient leur maladie. Certains s’évadent dans la boisson, la drogue, les jeux informatiques, le sexe… une évasion qui ne leur donne que l’illusion du bonheur et une dépendance. Lorsque toute connexion avec le flux le plus profond en nous fait défaut, on parle de “frustration existentielle“. De nombreuses personnes ne voient plus de sens à leur vie ; elles ne savent pas pour qui ou pour quoi elles devraient se battre. Leur vide spirituel leur devient si insupportable que certains veulent même fuir pour de bon et mettre fin eux-mêmes à leur vie. Ils n’ont plus la force de se battre. Tant que quelqu’un voit un sens à sa souffrance, il continuera à se battre, quelle que soit l’ampleur de la souffrance. Depuis les années 1970, on assiste clairement à une augmentation spectaculaire d’une sorte de dragon à trois têtes : agression, addiction (obsession), dépression. Vous n’avez besoin d’aucune recherche scientifique pour voir à quel point l’agressivité dans la vie publique a augmenté et continue d’augmenter. Il en va de même pour les nombreuses formes de dépendance. Et la plus évidente est la dépression due à un vide spirituel douloureux, qui est désormais presque omniprésente. En outre, il y en a de nouvelles formes dont les personnes sont victimes de plus en plus: burn-out, syndrome de fatigue chronique… Et les éclairages psychologiques abondants n’y changent rien.

Que pouvons-nous faire ? Construisez une vie intérieure vertueuse. Renforcer positivement notre amour pour Dieu, Jésus, l’Évangile, Marie, l’Église, les autres par la prière, la méditation, la liturgie, les sacrements. Ce que l’oxygène est à la vie physique, la prière l’est à la vie humaine, spirituelle. Négativement, nous pouvons réduire la “fièvre de la vie”, la poursuite du terrestre, les désirs de valeurs éphémères, l’agitation et le bruit, et ne nous perdre ni dans les grandes joies ni dans les graves revers. Accordez-vous la paix intérieure et le calme nécessaires pour que le flux le plus profond de votre vie puisse suivre son cours libre et impétueux et éliminer toutes les “idoles”.

Certains ne seront pas du tout d’accord avec cette présentation. Pour Sigmund Freud, avec son image déformée de Dieu (et ses disciples), une référence à Dieu, à la foi ou à la prière, était/est une capitulation. Pour nous, c’est un chemin vers une conversion authentique. Dans une contribution séparée, nous nous débarrasserons en profondeur de cette “illusion freudienne” persistante et étouffante. Mais d’abord, nous voulons donner une merveilleuse illustration de cette deuxième caractéristique de notre humanité, à savoir comment notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il se repose en Dieu. Nous le faisons par le biais de la conversion que Saint Augustin a décrit de manière si vivante.

P. Daniel

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