L’authenticité des récits évangéliques de l’enfance

Introduction

Le point de départ utilisé ci-dessous est qu’une exégèse qui veut ou ose se fier uniquement à ce qui est scientifiquement acceptable dans la figure de Jésus-Christ est incompatible avec une vision chrétienne authentique de Dieu.  Ce problème se pose avec une partie importante de la théologie contemporaine. Le pape émérite Benoît XVI a récemment mis le doigt sur la plaie purulente avec son accusation selon laquelle Dieu est de plus en plus écarté dans la littérature théologique contemporaine et que parfois Il n’est tout simplement plus mentionné.

Pour les études bibliques, en particulier les premiers écrits chrétiens, y compris les 4 évangiles canoniques, on utilise généralement au niveau universitaire la méthode « historico-critique ». L’un des concepteurs les plus récents de celle-ci était le théologien protestant encore très acclamé Rudolf Bultman (1884-1976). Ses recherches exégétiques se sont concentrées principalement sur la « démythologisation » des textes bibliques. Selon lui, pour les évangélistes, le « kerygma » (la proclamation) était particulièrement important, mais pas l’authenticité historique de leurs écrits.   Dans les cercles théologiques qui travaillent selon sa méthode, les miracles évangéliques sont traités presque exclusivement comme des contes didactiques, chargés d’un certain symbolisme biblique.   Mais l’ironie est que l’approche historico-critique -peut-être bien intentionnée- produit des évangiles en grande partie désincarnés. Au lieu d’un Jésus historiquement mieux défini, le résultat a été une figure mythique largement appréciée, mais fragmentée et vague. Elle était très malléable et utilisable à toutes sortes de fins : théologiques, idéologiques, politiques…, même s’inscrivant dans le show-business (cf. l’opéra rock Jesus Christ Superstar d’environ 1970).

Le but initial de la méthode historico-critique était de fournir à la proclamation de la foi un cadre historique bien fondé. Mais il est très douteux que cette méthodologie strictement appliquée convienne au traitement de textes religieux en général et du Nouveau Testament en particulier. Après tout, on ne peut pas séparer la proclamation de la foi et la tradition véridique en toute impunité.   L’intention des auteurs de l’Évangile était sans aucun doute d’amener leurs lecteurs à la foi au Seigneur. Mais dans ce contexte une question importante est de savoir s’ils ont jugé nécessaire d’intégrer dans leur récit de la vie de Jésus des histoires racontées de manière très réalistes, mais en fait purement symboliques ou allégoriques. Si l’on répond à cela par l’affirmative, comme il est d’usage avec les disciples de Bultman, alors la conclusion est que la vie de Jésus n’était pas assez convaincante en soi.  Son récit a donc dû être artificiellement élevé à un niveau supérieur (surnaturel), afin d’être utile à la proclamation d’une nouvelle théologie, qui s’est progressivement développée entre les premiers chrétiens. C’est l’opinion des adeptes de cette méthode exégétique « scientifique ».

L’histoire de début de l’Évangile selon Luc, sur les premières années de vie de Jésus, est un bon exemple pour eux et est classée comme « improbable » (ou parfois commodément comme « ajouté plus tard »). En contraste flagrant avec cela, nous lisons comment Luc (médecin et compagnon de voyage de Paul), avant même qu’il ne commence son histoire, rassure de manière convaincante son correspondant Theofilus : « … après avoir tout examiné attentivement dès le début, en le décrivant de manière ordonnée… » (Luc1 :3).  Avec de telles thèses, ces exégètes remettent en question la crédibilité des quatre évangiles canoniquement acceptés. De plus, on ne crée pas une forte concordance historiquement étayée dans la proclamation, mais une source presque inépuisable de différends contre-productifs entre les écoles et les courants exégétiques. Les écrits d’Edward Schillebeeckx O.P. (1914 – 2009) l’illustrent bien. Selon lui, pas mal de paroles de Jésus lui ont été attribuées par la suite par les évangélistes (sic). Ses travaux théologiques sont très connus, mais surtout du matériel d’étude pour les théologiens formés qui parviennent à distinguer les têtes des queues dans son raisonnement tortueux. Ils sont très progressistes, mais renforcent-ils la foi ??

La méthode historico-critique conduit en grande partie à un mariage de raison entre la foi et la science, en fait pas vraiment scientifique et encore moins religieux. Un exemple extrême de la “mise à jour de la foi” moderniste à laquelle cela peut conduire, peut être trouvé dans les travaux de Roger Lenaers S.J. (1925-2021) (1). Cet auteur très traduit jette à peu près tout l’ensemble du « depositum fidei » -ou le contenu de la foi catholique romaine- sans détours à la poubelle…  Dans ses lettres à Timothée, Paul nous a déjà averti : « garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes, et les disputes de la fausse science » (1 Timothée 6 :20).

(1) Cet auteur est discuté dans la série d’articles « L’évangile moderniste selon Roger Lenaers », dans la rubrique “Foi et science”.

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