(Traduction du néerlandais)
18-03-2021
Monseigneur,
Dans un article d’opinion dans De Standaard et devant la radio et télévision flamande (VRT), vous vous vous mettiez en colère contre vos propres dirigeants de l’Église, pour prendre des positions sur l’homosexualité qui « n’atteignent même pas le niveau de la troisième année du secondaire ». En outre, ils n’auraient pas de « fondements scientifiques », ainsi que de « nuances théologiques » et de « diligence éthique ». Vous contestez également un passage qui dit que « dans le plan de Dieu, il n’y a pas de ressemblance ou même une analogie possible entre le mariage hétérosexuel et le mariage homosexuel ».
Votre discours est étayé par l’argument selon lequel vous connaissez des couples homosexuels, même avec des enfants, qui « forment une famille chaleureuse et stable, participent activement à la vie paroissiale ». Apparemment, certains d’entre eux – avec votre permission – sont actifs à temps plein en tant que collaborateurs ecclésiastiques.
Vous avez tout à fait le droit, bien sûr, d’exprimer votre opinion, mais on pourrait attendre d’un dignitaire de l’Église catholique au moins un degré élevé de loyauté prudente envers sa direction. Si, dans certains cas, vous n’êtes pas d’accord avec elle, vous pouvez en discuter respectueusement avec eux. Mais si, au contraire, vous employez la presse pour mettre en évidence votre image et vos opinions « progressistes », alors vous vous abaissez au niveau populiste de ceux qui veulent mener un procès dans les médias plutôt qu’au tribunal. Si une telle chose était souhaitable, alors dans un contexte démocratique, les personnes ayant une vision différente sur cette affaire devraient également avoir leur mot à dire.
Bien sûr, vous vous sentez soutenu par la soi-disant « église de base » avant-gardiste et moderniste à laquelle vous vous sentez plus connecté qu’à votre direction de l’Église. Mais vous devez également être conscient que dans notre province Ecclésiastique belge il y a encore des gens qui ne partagent PAS votre opinion. Malheureusement, ils n’ont pas la même opportunité d’être pris en considération dans les médias, parce que leurs opinions sont généralement rejetées à l’avance ou ignorées sans vergogne. Après tout, elles ne correspondent pas à l’esprit du temps et à la rectitude politique dont vous vous êtes fait un protagoniste honoré.
Tout d’abord vous utilisez un discours douteux, quand vous suggérez qu’il y avait toujours des opinions différentes sur cette question dans l’Église catholique. Vous pouvez essayer de prouver le contraire, mais les positions officielles sur ce sujet du Magistère catholique sont toujours restées inchangées. Il s’appuie pour cela sur la Bible (Genèse 1:26-28, Genèse 19:1-29, Lévitique 18:22-25, Lévitique 20:13, Romains 1:24-27, 1 Corinthiens 6:9-10, 1 Timothée 1:10 et Judas 1:7), ainsi que sur la tradition et parties de la loi naturelle. (Source : https://nl.wikipedia.org/wiki/Christendom_en_homoseksualiteit ).
En outre, l’éducation ecclésiastique et le bon sens nous enseignent que les enfants devraient avoir droit à une mère et à un père marié. Ce n’est pas parce que, dans la pratique, cela n’est pas toujours possible que cela ne doit pas être poursuivi. Combien d’enfants qui seraient interrogés à ce sujet déclareraient spontanément qu’ils préféreraient avoir 2 mamans ou 2 papas ?? (Ou peut-être 2+1?). Combien de parents prétendraient, la main sur le cœur (donc sans endoctrinement moderniste) qu’ils s’en fichent si leur futur enfant serait homosexuel ? Ou pensez-vous que ces questions sont « incorrectes » et qu’elles peuvent être posées tout au plus jusqu’à la deuxième année du secondaire ?
Vous adoptez une attitude unilatérale à l’égard de l’homosexualité, dans laquelle ce phénomène est censé être encadré scientifiquement. Cependant, il semble plutôt que ce cadre est dérivé d’une idéologie utilitariste. Ce que l’on appelle la science ne nous donne jusqu’à présent même pas une explication causale généralement acceptée pour l’homosexualité. Selon l’Église, les actes homosexuels sont « intrinsèquement désordonnés ». Cette déclaration est basée sur le droit naturel, un ensemble de principes qui se réfèrent à la nature humaine. Le fondement de cela est notre responsabilité envers la vie humaine. Celle-là doit être transmise dans des conditions optimales. Il n’existent pas des résultats scientifiques qui démontrent que l’homosexualité pourrait jouer un rôle positif dans ce domaine. Au contraire, les résultats médicaux mondiaux indiquent un lien direct entre des taux élevés de MST et des relations homosexuelles masculines. Dans divers autres domaines, comme celui de la psychiatrie, on voit également une forte augmentation de situations problématiques chez les relations ou les sentiments non hétérosexuels. Nier ces faits n’aide pas du tout les personnes qui sont confrontées à cela.
Lorsque vous parlez de « péché », vous utilisez un raisonnement très discutable, qui sonne tout sauf « catholique ». Ce n’est pas du tout une catégorie difficile à définir, comme vous le prétendez. C’est juste « tout ce qui va à l’encontre de la volonté de Dieu. » Le christianisme nous enseigne que c’est la volonté de Dieu que nous prenions notre responsabilité de transmettre la vie à notre progéniture dans des conditions optimales. Si nous acceptons la Bible comme la parole révélée de Dieu, alors nous savons qu’elle nous montre la bonne voie pour une vie sexuelle responsable. Si, au contraire, nous considérons la Bible comme des récits religieux dépassés (comme nous le dit la pensée moderniste), alors cette orientation sûre se perd et on entre dans des chemins séculiers, qui mènent dans des directions très différentes. Il semble que vous êtes en faveur d’une telle diversité et que vous avez plus confiance dans l’arbitraire changeable de la modernité que dans la parole de Dieu inébranlable et favorisant la vie. Il semble aussi que cette attitude correspond parfaitement à la « nuance théologique » que vous poursuivez.
Il est frappant de constater à quel point on travaille dans la société soi-disant éclairée et scientifique avec des arguments émotionnels. Entre autres choses, on parle beaucoup d’ « amour ». Combinée avec la « miséricorde » religieuse, à peu près tout peut être justifié et présenté comme « positif ». Quiconque ose encore soulever des objections est dénoncé comme sans cœur et « pas de ce temps de prospérité céleste » (caractérisé par une augmentation constante de troubles psychologiques).
Tout d’abord, il serait très souhaitable de bien définir ce que l’on veut dire par « amour ». Si un couple veut se marier, ce n’est pas nécessairement parce qu’il a beaucoup d’ « amour ». Le degré d’amour qu’il peut avoir ou non ne viendra à la lumière qu’après, après les premières situations problématiques. En premier lieu, il y a des mariages parce qu’ils répondent à un besoin fondamental existentiel, découlant d’une attirance sexuelle naturelle. C’est également le cas avec les relations homosexuelles et « l’amour » est donc un argument émotionnel bon marché, si on s’en sert pour justifier ces derniers. En outre, le mariage hétérosexuel religieux se caractérise par un fardeau considérable de responsabilité, notamment pour les parents potentiels. Ce n’est normalement pas le cas des couples homosexuels, à moins qu’on leur donne artificiellement l’opportunité de réaliser leur désir d’avoir des enfants.
Dans ce domaine aussi, vous êtes libre de rechercher des arguments éthiques pour les familles homosexuelles avec enfants. Ces arguments seront sans aucun doute favorables aux gays, mais il est très discutable si elles sont aussi suffisamment favorables aux enfants. On ne demande pas aux enfants leur avis pendant le processus d’adoption. Si nous regardons les statistiques sur le mariage homosexuel, nous voyons que leur nombre annuel a diminué depuis son adoption, tandis que le nombre de divorces continue d’augmenter, en particulier chez les lesbiennes. Cela confirme ce qui est largement connu, mais a quoi on accorde apparemment peu d’attention, à savoir que les relations homosexuelles sont en moyenne beaucoup moins stables et que le monde gay se caractérise par un haut degré de promiscuité (cf. entre autres: https://www.knack.be/nieuws/gezondheid/homo-s-hebben-gevarieerd-seksleven-maar-vrijen-niet-altijd-veilig-vub/article-normal-143525.html ).
Peu respectueuse et très prétentieuse est votre déclaration « Rome peut être relativisée, mais pas l’Église de Jésus-Christ ». Ce faisant, vous suggérez que les personnes ayant des opinions autres que la vôtre n’appartiennent pas à cette Église et que le Christ lui-même aurait approuvé les relations homosexuelles ; quod non (comme ses apôtres non plus).
Rien de tout cela ne signifie que nous ne traiterions pas nos semblables avec des tendances homosexuelles avec bienhérence et respect. Ce sont des concitoyens libres, qui déterminent librement leurs choix de vie. Mais en tant que catholiques, nous avons aussi le droit de nous attendre à ce que nos coreligionnaires prennent la morale catholique au sérieux. Elle peut sembler exigeant pour certains, mais cela n’est pas seulement le cas pour les homosexuels, mais aussi, par exemple, pour les conjoints qui ne peuvent pas avoir de relations sexuelles pour diverses raisons, pour les clercs célibataires, etc. Pour les personnes ayant une préférence pédophile, l’interdiction de relations sexuelles est même un « must » généralement accepté. Cela appartient pour les chrétiens au « fardeau de la croix ». Rejeter cette croix portée avec amour n’est pas une attitude chrétienne, mais c’est succomber à l’esprit du temps permissif.
Pensez à tous les chrétiens qui, pour le Royaume de Dieu, ont porté leur croix personnelle grande ou pette et qui sont prêts à continuer à la porter. Arrêtez s.v.p. de ridiculiser ouvertement vos collègues ecclésiastiques et les enseignements continus de l’Église. Si cela reflète les points de vue de l’ensemble de la Conférence épiscopale belge, nous devons en fin de compte arriver à la douloureuse conclusion que nous faisons de facto partie de deux Églises différentes : d’une part, celle qui existe depuis que le Christ l’a fondée et, d’autre part, une nouvelle, avec des idées « en évolution rapide » et « inclusives », « d’un niveau supérieur », parfaitement adaptées à l’hédonisme contemporain.
Sincèrement, dans le Christ,
Ivo Van Hemelryk
12 reacties op “Lettre ouverte à Johan Bonny, un évêque en colère”
Notre époque est une époque pleine de contradictions. Je suis de cœur avec vous dans ce combat. Une chose est de comprendre la situation douloureuse de certains, autre chose est de permettre tout pour soi-disant la contourner…
Elisabeth Stas.
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graag de Nederlands tekst
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Si Monseigneur Bonny va au bout de sa logique, pourquoi ne pas célébrer carrément des mariages homo?
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Bonjour. J’aurais peut-être nuancé certains propos mais d’une façon générale, je partage les idées contenues dans votre lettre ouverte. Sous l’action des lobbies, relayés par des massmedia au service d’une “religion” laïque beaucoup plus agressive que dans d’autres pays, un phénomène de “pensée unique imposée à tous” se développe dangereusement en Belgique et il touche même l’église qui perd la notion de catholicisme au profit d’une église plus proche de la Réforme que du Vatican. Pourtant “si le sel s’affadit, avec quoi salera-t-on? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors pour être foulé aux pieds par les hommes.” (Mt 5).
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tout à fait d’accord avec Ivo Van Hemelryk. C’est triste d’entendre la voix de nos évêques au sujet de l’homosexualité. A cause de leur réaction, l’Eglise est divisée. Que Dieu vienne à notre aide. Laurent Jadoul
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Je remercie chaleureusement l’auteur de cette lettre ouverte, qui traite cette douloureuse question avec une excellente argumentation et beaucoup d’humanité.
Mgr André LEONARD
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Je vous remercie de tout mon coeur pour votre réaction encourageante. Pour nous, les fidèles régulièrement confrontés à des déclarations venant de ministres ou de responsables de notre Église, qui contredisent l’enseignement continue catholique, cette situation est très pénible. Le fait qu’une autorité spirituelle comme la vôtre nous appuie est vraiment d’une très grande importance.
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Disciple de Jean Vanier…êtes-vous homosexuel? De plus, un prêtre homosexuel ne peut être prêtre …encore de la pedophile en vue, que faciliter les divisions pastorales au lieu de laver son linge sale avec ses supérieurs i.e. à Rome, pas dans le presse qui profite pour critiquer encore plus l’église et met en désarroi les catholiques moins pratiquants. Honte à vous, démissionnez de votre poste!
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On a donc des prêtres hétérosexuels et homosexuels…comment sait-on cela monseigneur? Ont-ils des relations et donc ne sont pas chastes selon leurs vœux de prêtrises, alors pourquoi pas mériter les prêtres? Le state religieux suivant? Ou va l’Eglise? Pourquoi le célibat?
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Faute…laisser les prêtres se marier? Allons, pourquoi pas? Comment ces enfants vont-ils être préparés à l’avenir?
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Mgr Bonny, veuillez considérer que le ‘troupeau’reste encore confiné à 15 par église ou cathédrale! Mais pas un mot pour cela…il y a plus de 18000 avortements chaque année en Belgique, du moins, officiels, dont plus de 100 apres11 semaines ou plus, pas un mot public là-dessus…allons le Covid à euthanasie des maisons de repos, …pas un mot la dessus…on a donc noté votre position, seulement défendue par une laxité incroyable et morale qui n’obéit pas à Rome! Pourquoi etre évêque? Nous sommes seuelement des laïcs catholiques -et nous sommes aussi ‘l
Eglise’ dont vous faites partie. Nous essayons au mieux d’appliquer ce que nous avons reçu dans notre cathechisme et longue pratique religieuse et expérience, alors que vous avez ‘adapte’ la morale pour être populaire! Notre mission laïque catholique sera de prier avec Mgr F Sheen qui avait visionnairement appele que: les prêtres et religieux agissent en prêtres et religieux, les eveques en évêques’ at notre Église sera sauvée par les petits, ceux qui pratiquent’ en étayant de notre mieux.
Nous prierons pour vous.
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Le mariage est l’union entre un homme et une femme.
Dans notre législation, s’il s’agit d’un mariage religieux , celui-ci doit être précédé d’un mariage civil.
Appeler “mariage” une union homosexuelle ou lesbienne est un abus de langage introduit pas ses protagonistes pour justifier leur “union”.
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