25-08-2012
Qui est Jésus-Christ?
S’il y a une question dans l’Évangile qui est restée toujours d’actualité, alors c’est sûrement la question du Christ : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’Homme ? ». Quand elle fut posée aux apôtres eux-mêmes, Pierre répondit (Matt. 16 :16) : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Cette déclaration spontanée fut un acte de foi exceptionnel et décisif, qui, selon les propres mots de Jésus, était directement inspiré par Dieu. Il fut l’élément clé qui Lui a permis de confier à Pierre et ses successeurs son Église, dans la certitude qu’elle ne périrait jamais.
Si l’on devait poser la même question aux croyants ou théologiens d’aujourd’hui, nous recevrions, comme au temps de Jésus, des réponses très diverses. Parmi celles-ci, un grand pourcentage ne serait absolument pas en conformité avec les mots cités du premier pape, et cela comprend de nombreuses réponses de gens qui s’imaginent et/ou se disent “catholiques”. Pour beaucoup, le Christ fut un gourou qui réconfortait et guérissait les gens et qui enseignait une morale, mais certainement pas le Fils de Dieu. Sous l’influence des théories modernistes, qui se présentent comme scientifiques, ils sont passés à une croyance qu’ils considèrent comme « réaliste ». Mais n’est-ce pas une forme frelatée de foi basée sur un réalisme imaginaire, ou plutôt un château de cartes intellectuel construit à partir d’hypothèses théologiques douteuses ?
Un exemple typique d’une telle pseudo foi innovante fut récemment publié dans le magazine chrétien Tertio. Il est de la main de Mark Eyskens, professeur d’économie émérite, ancien Premier ministre et cosignataire de la loi belge sur l’avortement. Le nom qu’il donne à sa conviction personnelle actuelle n’est pas clair, mais lui et son célèbre père défunt ont toujours été considérés comme appartenant au pilier catholique. Néanmoins, ce qu’il écrit peut simplement être catalogué comme hérésie formelle. (Sur ce point, nous nous sommes expliqués dans notre rubrique « Actualité et points de vue »).
Qu’est-ce que le Christ a dit de lui-même ?
Pour trouver la bonne réponse à la question primordiale de Jésus ci-dessus, nous ne devons pas étudier des théories compliquées ou savantes, mais d’abord écouter ce que le Christ a dit de Lui-même. Ce n’est que si nous acceptons ses paroles dans la foi, que nous pouvons à juste titre nous considérer comme croyants chrétiens ou catholiques, parce que nous fondons alors notre position de foi sur une base solide, concrète et objective. Ce critère n’a rien à voir avec le fondamentalisme, mais bien avec la véricité, le réalisme du contenu et la cohérence. Donc, voyons d’abord comment le Christ se décrit Lui-même dans les textes évangéliques, avant de nous laisser embobiner par diverses interprétations théologiques, reprises et diffusées par des écrivains ou des prédicateurs qui sont ouverts à tout ce qui se présente comme innovant ou soi-disant réaliste dans le marché aux puces des opinions.
« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » a dit le Christ. Selon Stev Van Thielen, un auteur de télévision croyant, sur les conceptions duquel Tertio (21 Mars 2012) a consacré deux pleines pages, il n’a pas dit être “l’Arrivée”. Avec son discours, il indique qu’il veut bien croire en Christ, mais à partir d’une position de doute la plus confortable possible. Le Christ est dans cette perspective considéré comme un bon exemple qui nous inspire, mais pour le reste, nous déterminons nos vies et nos croyances largement nous-mêmes et nous verrons bien où cela nous mènera. Cette attitude est typique de beaucoup de chrétiens modernes. Ils ne semblent pas se rendre compte que leurs points de vue ne sont plus, dans une large mesure, évangéliques ou chrétiens, mais inspirés par le modernisme (condamné par plusieurs papes comme de nouvelles formes d’anciennes hérésies). Ils sont dans l’illusion qu’ils ont une compréhension « large » de la foi. Mais leur vision n’est pas « élargie », mais «diluée» et leur image du Christ n’est pas ameliorée, mais diminuée. Néanmoins, Stev, selon ses propres dires, est un pratiquant régulier. Cela en dit long sur la qualité sur le plan du contenu de nombreux discours en chaire d’aujourd’hui. Il est dommage que les rédacteurs de Tertio, avec de tels articles, aident à propager une foi diluée, sans la confronter à une position catholique fiable.
Non seulement le chemin, mais aussi l’arrivée
Pour un chrétien, la Vérité n’est pas un bien largement élastique et manipulable et le Christ est en effet non seulement le Chemin, mais aussi l’Arrivée. Il a préparé un lieu pour ses fidèles dans la maison de son Père et les attend là pour les recevoir à bras ouverts (Jean 14 : 2). Alors le Chemin prendra fin, la Vérité sera pleinement révélée et la Vie sera éternelle : ce sont des éléments essentiels d’une foi chrétienne authentique. Là repose le point central de l’espoir et de l’attente des vrais disciples du Christ. Pour arriver là, ils doivent suivre le Chemin que le Christ nous a montré. Leurs réalisations terrestres resteront derrière eux et seront absorbées par l’écran de fumée de l’histoire. Ce qui compte essentiellement dans le christianisme, c’est l’assurance du croyant que le Christ nous attend dans le paradis éternel. Les attentes terrestres s’inscrivent dans l’illusion spéculative, limitée par le temps et l’espace, d’un monde meilleur, qui en pratique ne s’observe pas et dont un être humain réaliste se rend bien compte qu’il ne peut exister et n’existera jamais d’une manière définitive.
Pas un Christ mielleux
Le Christ n’a jamais prédit un monde s’améliorant. Il nous a appris « à chaque jour suffit sa peine » (Matthieu 6 :34). Ses prédictions sur la fin des temps sont réalistes et effrayantes. Mais les braves gens doivent être préservés d’images négatives de l’avenir et donc dans beaucoup d’églises et de communautés chrétiennes les paroles du Christ sont sujettes à une “réinterprétation” moderniste. Les prédicateurs actuels sourient des images mielleuses du Christ qui ornaient autrefois de nombreux foyers, mais la figure polie du Christ, qu’eux-mêmes présentent aux fidèles, est souvent encore plus éloignée du réel Christ historique. Il est représenté comme un homme doux qui avec amour fréquente les pécheurs et excuse le mal. Le Christ n’a jamais excusé un seul péché, mais Il a pardonné quand Il a vu qu’il y avait un repentir sincère. Dans le discours gentil et améliorant le monde, qu’écoutent des pratiquants assoupis, il est autant que possible nié qu’Il nous ait, en termes clairs et à plusieurs reprises, mis en garde contre l’enfer et l’action du démon (lire par exemple dans Luc. 16 :19-31 la parabole sur Lazare et l’homme riche, ou lire Matt 11 : 20-25). Le sermon doit sonner agréablement et ne pas être trop moralisateur. Il ne doit surtout pas déranger le paisible repos dominical du paroissien.
Il nous jugera
Le Christ était certainement doux et paisible, mais ce n’est qu’un aspect de son attitude, qui reflète l’essence même de son Père. Il nous a montré entre autres par ses miracles sa Toute-Puissance, par laquelle Dieu en effet intervient directement dans sa création quand Il le juge nécessaire. Un autre aspect qui est largement ignoré, c’est que le Fils de Dieu va juger et punir. Cette politique de punition divine peut, aux yeux des Occidentaux modernes, habitués à une justice permissive où les droits des criminels sont parfois mieux protégés que ceux des victimes, apparaître impitoyable. L’enfer est en effet un endroit à partir duquel aucun retour n’est possible. Le jugement de Dieu semble si horrible que beaucoup de croyants (même appartenant aux plus engagés) doutent de l’existence de l’enfer, ou croient qu’il n’y a personne qui aboutisse dans cet endroit diabolique (sauf peut-être certains personnages dont les crimes majeurs à travers l’histoire humaine sont considérés comme « impardonnables »).
Le Christ nous a enseignés que tous les crimes, aussi terribles soient-ils, peuvent être pardonnés par Dieu s’il y a regret et repentir sincères. Mais celui qui ne montre aucun repentir, sera définitivement séparé de la communauté des justes et des convertis. Cela signifie que l’accès au ciel leur sera à jamais refusé. Ce jugement divin semble à première vue cruel et horrible, mais si nous l’examinons de plus près, il est un signe de justice et même d’amour. Le ciel est la résidence intemporelle de ceux qui ont gagné cette récompense dan le temporaire ou dont les péchés sont pardonnés par la miséricorde de Dieu. Dans cette résidence, c’est la paix, le bonheur et la solidarité. Cet état ne sera jamais perturbé par des êtres qui sont restés chargés par le mal et la haine jusqu’à leur fin terrestre. Ils devront faire face aux conséquences de leurs libres choix et seront condamnés à endurer l’enfer d’une résidence remplie de mauvaises âmes sœurs. L’abîme entre les deux tabernacles éternels est infranchissable, comme nous l’apprend la parabole de Lazare. Ce fossé spirituel est la conséquence logique et automatique de libres choix incompatibles et doit tout bien considéré ne pas être spécialement créé par Dieu. Il accueille dans son paradis celui qui s’est purifié et qui a été jugé digne par Lui. Au dehors, il y aura “des pleurs et des grincements de dents” (Matthieu 13 :42).
Pourquoi s’est-il appelé le Fils de l’homme?
Il est impossible en un article de s’étendre davantage sur les multiples facettes du Jésus historique de Nazareth. Il se faisait appeler le “Fils de l’homme”, une dénomination qui attire l’attention. Tous les êtres humains de sexe masculin sont en effet des « fils de l’homme ». Jésus souhaitait-il dire qu’Il était juste un homme ordinaire ? De sa prédication, il semble toutefois qu’Il était pleinement conscient de sa position unique dans l’histoire de l’humanité. Il est donc plausible qu’en utilisant systématiquement cette dénomination, Il ait voulu enseigner à ses auditeurs que le fait qu’Il soit un fils de l’homme était quelque chose d’exceptionnel. Mais il leur laissa le soin de découvrir cela peu à peu. S’Il avait révélé, depuis le début de son ministère public, qu’Il était Fils de Dieu, il aurait sans doute trop vite été mis à mort dans le milieu juif fanatique parmi lequel il a prêché l’évangile. De cette façon, Il se fit identifier, d’une manière moins ostensible, comme le « Fils de l’Homme » mentionné dans le livre de Daniel (7 :13-14). Ainsi dit le prophète : « Et voici, sur les nuées des cieux, arriva quelqu’un de semblable à un Fils de l’Homme … On Lui a donné le pouvoir, avec la gloire et la royauté … ».
Son identification en tant que Fils de Dieu
Sa condamnation finale par la mort sur la Croix sera en somme la conséquence du fait qu’Il s’est définitivement identifié avec le Fils de l’Homme dont parlait Daniel, devant le Sanhédrin juif. Il “s’identifia” ainsi dans une seule déclaration officiellement comme le Fils de Dieu et comme le Fils de l’Homme biblique, qui pour beaucoup de Juifs était aussi le Messie tant attendu. Cela a été fait dans l’obéissance à son Père céleste, sachant bien que ce faisant son destin terrestre était scellé. La tâche des chrétiens – encore aujourd’hui – est de continuer à proclamer cette identification à tous ceux qui cherchent honnêtement la vérité et le sens de la vie. L’imprécision et la dilution ne sont pas les moyens appropriés pour le faire. Le Christ a définitivement révélé son identité à l’humanité depuis plus de deux mille ans et a en conséquence, et pour nous délivrer, souffert la mort sur la croix. Nous ne sauverons pas nous-mêmes notre vie terrestre par de vagues discours sceptiques, mais nous pouvons gagner notre avenir céleste à travers un témoignage clair et réaliste.