16-05-2011
Pour les gens qui se disent “scientifique” ou, plus modestement, pratiquant d’une ou plusieurs disciplines scientifiques, il va souvent de soi qu’il ne peut y avoir de mystère inexplicable. Les questions de foi sont classées selon eux dans la case “irrationnel”.
Pourtant, il se cache derrière cette prise de position antireligieuse, une grave faute de raisonnement, qui rend leur credo rationaliste peu crédible. Leur rejet des phénomènes inexplicables repose en effet sur le principe stipulant que chaque fait doit avoir une cause. Ceci est pour ainsi dire leur principe de base et la plupart des gens sont d’accord avec cela dans les grandes lignes, étant donné que tous les faits explicables respectent ce principe, et nous sommes donc autorisés à supposer que, tôt ou tard, les mystères encore inexpliqués pourront trouver ou trouveront leur explication.
Le problème fondamental du rationalisme réside dans le fait qu’il ne peut ou ne veut tirer toutes les conséquences de sa propre base de raisonnement. Si en effet, il doit nécessairement et toujours exister une cause pour tout, alors ceci ne peut mener qu’à deux hypothèses fondamentales. Ou bien, il existe une cause ultime qui n’ait pas eu besoin de cause pour elle-même, et qui a donc toujours existé, ou bien, la réalité forme continument une immense boucle, dans laquelle ce que nous sommes enclins à considérer la cause initiale serait au fait la conséquence de la supposée conséquence finale (p.ex. un “big bang” comme résultat de l’implosion complète de tout l’Univers). Il y a encore aussi une version qui soutient que la réalité serait elle-même éternelle, mais c’est seulement une variante de cette deuxième hypothèse, dans laquelle le cycle du temps serait infiniment grand.
Cette soi-disant alternative rationaliste est néanmoins sérieusement boiteuse, à cause d’une remarque tout autant rationaliste qui s’impose immédiatement. D’où provient alors tout ce mouvement circulaire lui-même ? Car il va évidemment de soi, dans un modèle de pensée rationnelle conséquente, qu’il doit aussi avoir une cause. Certains chercheront à esquiver ce problème en posant que cette boucle fait partie d’un mouvement circulaire encore plus vaste, etc… Ils ne se rendent pas compte qu’ils s’engagent dans une voie sans issue, d’une série infinie de causes et de conséquences, qui en soi reste encore tout aussi inexplicable scientifiquement. Ils remplacent donc inexplicabilité intellectuelle d’un Dieu créateur (duquel ils excluent de facto l’existence comme la cause finale) par une suite d’évenements cosmologiques, si nécessaire infinie, en lesquelles ils “croient” ou qu’ils considèrent comme plus logique, mais cela sans arguments ou preuve.
La conclusion que nous puissions en tirer est que toute cette prétendue image du monde rationaliste ne repose pas sur une base scientifique conséquente, mais sur le présupposé psychologiquement motivé que tout, y compris la cause ultime, doit être intelligible pour le cerveau humain. Mais ceci implique que cette « cause finale » doit être soumis aux lois de la nature connues par l’homme. Par conséquent, elle doit avoir sa propre cause et n’est pas « finale ». De cette façon, le « rationalisme scientifique » téméraire se retrouve dans un cercle de pensée vicieux, dont le centre (ou la nouvelle déité) est le ratio humain (si possible soutenu par une série de superordinateurs).
La question “as-tu déjà vu Dieu ?”, par laquelle les incroyants rebattent les oreilles de leurs semblables croyants, est typique de cette courte vue. On pourrait aussi bien demander à un aveugle-né “as-tu déjà vu ton père ?”. Nous sommes en effet, à l’égard de Dieu, tous des aveugles-nés. C’est seulement par un acte de foi que nous pouvons apprendre à connaître Dieu. Cette foi en Dieu est en fait beaucoup plus rationnelle, plus logique et plus conséquente que le prétendu “discours scientifique”, par lequel des philosophes comme le Prof. Etienne Vermeersch (1) cherchent à ridiculiser les manifestations de foi en général, et le christianisme en particulier.
Ce philosophe des sciences veut “rappeler Dieu à l’ordre, s’Il existe”. Cela est encore un exemple de pensée scientifique pervertie. Si en effet Dieu existe, alors Dieu est la cause de l’existence d’Etienne, et c’est Lui qui, en bonne logique, décide si sa créature répond à ses attentes et non l’inverse. Vis-à-vis de Dieu, ce philosophe fanfaron est comme un ordinateur parlant qui affirmerait que son concepteur n’existe probablement pas, mais que s’il existait, il aurait un œuf à peler avec lui, car ses congénères ordinateurs fonctionnent mal et son environnement laisse beaucoup à désirer. Ce discours est alors basé sur un automatisme intégré qui supposerait que ses propres normes, générées par son processeur et sa mémoire de travail, seraient les seules exactes. Il est évident que nous ririons d’un tel ordinateur, car il n’a ni la compétence pour tenir un tel discours, ni les moyens pour le convertir dans les faits. Rien que par lui-même, il ne peut définir ce qu’est un bon ou un mauvais ordinateur, ni ce qu’est un environnement correct. Il n’y a que le développeur lui-même qui puisse le faire, ou un utilisateur bien formé.
Parmi nos milliards de semblables, se trouve naturellement un certain pourcentage que nous ne pouvons étiqueter comme “bon”. Mais nous ne pouvons pas mettre cela sur le dos de Dieu. Il a écrit les normes justes dans le cœur des hommes, et a placé en eux le désir d’apprendre à Le connaître et à connaître Sa volonté. Mais, comme l’ex-jésuite Etienne Vermeersch devrait très bien le savoir, Il a donné aussi à chaque homme un libre arbitre pour suivre ou non ce programme. Ce libre arbitre fait que Etienne Vermeersch et ses semblables ne sont ni des ordinateurs ni des robots. De là dérive non seulement le bien, mais aussi le mal. Toutefois, si nous ne voulons pas reconnaître l’existence de Dieu, alors notre propre libre arbitre devient très improbable, ou nous devrions en déduire que les êtres humains, venant du néant, durant un petit moment et pour leur propre compte, pourraient jouer à Dieu, et décideraient donc eux-mêmes du bien et du mal. Etienne Vermeersch rétrograde en fait l’être humain à un statut de robot programmé dans une réalité qui n’aurait aucun sens, ou qui doit être née dans quelque cerveau divin macabre.
Un authentique chrétien vit au contraire de manière conséquente, dans une autre réalité. Pas une réalité faite de parfum de roses et de sérénades, mais une réalité dans laquelle il place sa foi dans son Créateur, et essaie d’accomplir sa volonté. Il n’a pas seulement la foi, son bon sens lui dit aussi que si chaque homme voulait suivre cette route, notre monde progresserait sans cesse vers un mieux. Ce chemin ne passe pas par les incinérateurs dans lesquels terminent nos semblables, assassinés dans le sein maternel, entre autres parce qu’il y aurait bien assez de petits robots concurrents qui nous dérangent sur la planète (comme le prétend consciemment ou inconsciemment notre professeur émérite/sceptique). Sur le chemin de l’Évangile, ce sont les plus faibles qui sont les premiers aidés, entre autres les enfants à naître et les mères en détresse. Chaque nouvel être humain y est considéré comme un frère ou une sœur, et comme une aide potentielle pour partager le fardeau commun, le rendre plus léger ou même l’enlever, et non comme un consommateur supplémentaire avec une trop grande empreinte écologique.
L’amour de la vie est caractéristique de tout chrétien. Son regard de foi lui fait voir ce que ne peut ou ne veut voir le rationaliste : que la vie est tout à fait intelligence orientée vers une finalité, pleine de mystères et d’une créativité extraordinaire (*). Cette vision de la réalité naturelle ne cadre pas avec la pensée athéiste, qui est réductrice et matérialiste. Les penseurs rationalistes essaient avec acharnement de trouver une explication sans Dieu pour l’existence des choses, mais les questions comment et pourquoi les formes de vie sont dotées d’intelligence est soigneusement esquivée. Ceci ne s’applique pas en effet à leur propre forme chouchoutée de penser, qui est tronquée, car elle nie volontairement une partie importante des vérités qui dérivent de la réalité naturelle. L’existence de choses perceptibles sans cause ultime, peut encore être intégrée dans ce mode de pensée, d’une manière forcée. Mais il n’y a aucune explication à l’existence d’intelligence ciblée. Il restent seulement des sophismes ou des œillères pour contourner ou masquer ce problème. L’orientation vers une finalité et l’absence de sens se marient en effet très difficilement, même pour la très respectable machine à penser que Dieu a donnée à Etienne.
IVH
(1) Etienne Vermeersch (1934-2019) était professeur de philosophie et d’éthique, philosophe moraliste, vice-recteur honoraire de l’Université de Gand. Il était également connu comme philologue classique, sceptique et faiseur d’opinion. Il a été l’un des principaux pionniers de la légalisation de l’avortement et de l’euthanasie en Belgique.
(2) On ne peut ignorer que toutes les formes de vie essaient de survivre avec une intelligence ciblée.