
17-01-2021
Introduction
« Mère Teresa », qui ne la connaît pas? Elle est vénérée dans le monde entier comme une icône de l’humanité et du don de soi au service de ceux qui sont dans le besoin, au-delà des frontières des nations et des croyances. Mais ça ne veut pas dire qu’elle disait ce que les autres voulaient entendre. Elle avait un style de parole très simple et compréhensible, sans fioritures intellectuelles, mais exprimait son opinion sans aucun détour. Cette petite sœur, parangon de simplicité et de charité directe, a ainsi pris sa place parmi les personnalités les plus grandes et les plus remarquables de notre temps.
Son enfance, sa vocation et son éducation
Le 26 août 1910, elle est née à Skopje, capitale de ce qui est aujourd’hui la Macédoine du Nord, mais qui appartenait alors à l’Empire ottoman. Son nom de baptême était Agnes Gonxha Bojaxhiu. Ses parents étaient des catholiques profondément croyants et transmettaient leur foi à leur fille en paroles et en actes. À l’âge de huit ans, son père est mort, mais malgré les circonstances plus difficiles, elle a appris de sa mère, qui avait trois enfants, à continuer à pratiquer la bienfaisance : « Mon enfant, ne mange jamais une bouchée sans partager avec les autres ». La petite Agnès lavait deux fois par jour une alcoolique, qui ne pouvait plus prendre soin d’elle-même.
À l’âge de 12 ans, elle sentit pour la première fois son appel religieux lors d’un pèlerinage à la Madone Noire de Letnice, et six ans plus tard, en 1928, elle se rendit à Irlande pour apprendre l’anglais chez les Sœurs de la Bienheureuse Vierge Marie de Lorette à Rothfarnham, en vue de travail missionnaire en Inde. Elle y a pris le nom de Maria Teresa, en référence à la Ste Thérèse de Lisieux. Après un an, elle est partie pour Darjeeling en Inde, où elle a terminé son noviciat et a fait ses premiers vœux.
Sa première période de travail à Calcutta
De Darjeeling, Sœur Maria Teresa a été envoyée dans un petit hôpital de Calcutta où elle a appris à connaitre l’extrême pauvreté et la misère de nombreux habitants de cette ville. En 1937, après ses dernières promesses d’obéissance, de chasteté et de pauvreté, elle est nommée enseignante dans une école pour filles des familles bengali les plus pauvres de Calcutta. Elle y est appelée Mère Teresa, le nom avec lequel elle deviendra connue dans le monde entier. Elle apprit rapidement à parler couramment le bengali et l’hindi, enseigna la géographie et l’histoire et, par son travail éducatif, tenta de sortir les filles de la pauvreté. Par son exemple et son approche, elle chercha également à conduire ses élèves à une vie de dévotion au Christ. En 1944, elle est devenue la directrice de l’école.
Plusieurs jésuites belges étaient au travail à Calcutta. L’un d’eux, le Père Céleste van Exem, né à Ypres, est devenu son confesseur et la guidera spirituellement dans les décisions qui détermineront la direction définitive de sa vie. Mère Teresa a continué à lui écrire plus tard, jusqu’à sa mort en 1993. Ces lettres, ainsi que celles envoyées à d’autres, comme mgr Ferdinand Périer, l’archevêque local provenant d’Anvers, comptent parmi les sources les plus importantes de compréhension de sa vie intérieure et de sa lutte. Au cours de son travail à l’école, Mère Teresa s’occupe également des pauvres dans leurs quartiers et y implique ses élèves. Au cours de ces années, la région a été frappée par une grave famine, qui a tué plus de 2 millions de Bengalis.
Le 10 septembre 1946, Mère Teresa reçoit un deuxième appel, « l’appel dans son appel » qui déterminera sa vie future. Cela s’est produit alors qu’elle retournait à Darjeeling pour sa retraite annuelle. Christ lui demande d’aller vers Lui dans les plus pauvres des pauvres. Pendant la retraite, cette voix continue d’insister, et dans une vision, elle voit une foule de gens profondément malheureux crier à l’aide. Après son retour elle demande à son confesseur pour l’aider à réaliser sa nouvelle vocation. Lié par son vœu d’obéissance, cela ne pouvait se faire que par une approbation ecclésiastique officielle. Enfin, après un an et demi d’insistance ardue, elle reçoit un « indult d’ex-claustration », qui la permet de rester religieuse et éventuellement de revenir à son ordre originel, si son nouveau projet au service des pauvres ne réussirait pas.
La fondation et l’expansion des « Missionnaires de la Charité »
En août 1948, elle s’habille avec le sari blanc bordé de lignes bleus, qu’elle et ses sœurs plus tard porteront toute leur vie au travail. Après un cours de base de six mois de formation médicale Chez les Sœurs de la Mission Médicale, elle se rend aux bidonvilles de Calcutta dans le seul but d’aider « les indésirables, les mal-aimés et tous ceux dont personne ne portait soin ». Elle commence par une école en plein air et peut convaincre le conseil municipal de lui donner un bâtiment délabré, comme maison d’accueil pour les nécessiteux qui meurent dans la rue. Elle devient leur ange réconfortant.
Peu à peu des filles, qu’elle avait auparavant enseignées, se joignent à elle et même des enseignants. Finalement, Mère Teresa voit son travail évoluer vers un nouvel ordre religieux à part entière. En 1950, elle reçoit du Pape Pie XII l’autorisation pour la fondation de l’Ordre des Missionnaires de la Charité, dont les membres promettent de consacrer toute leur personne au service des plus pauvres et de ne rien garder pour eux. Important ici est la prière quotidienne personnelle et commune, une condition nécessaire pour être en mesure de continuer à faire cela.
Mère Teresa prie pour d’autres appels et ses prières sont exaucées. L’aide également afflue du monde entier. Entre 1950 et 1960, elle ouvre une maison de lépreux, un orphelinat, une maison de soins infirmiers, une clinique familiale et une série de cliniques mobiles. En 1970, elle ouvre sa première ” House of Charity ” américaine. En 1982, elle se rend à Beyrouth où, au plus fort du siège israélien, elle franchi la ligne de front et s’occupe à la fois des enfants chrétiens de la ville orientale et des enfants musulmans de l’ouest. Son ordre continue de croître à l’échelle internationale. En 1979, l’ordre a été élargi avec une branche masculine des “Les Frères missionnaires de la Charité” et en 1984 avec une branche sacerdotale, « Les Pères missionnaires de la Charité». Au moment de sa mort en 1997, l’ordre avait 610 fondations dans 123 pays, plus de 4000 membres et des milliers d’aides laïques.
En 2020, elle compte plus de 5000 membres. En raison de leur travail dans les quartiers les plus pauvres, les sœurs sont gravement touchées par la pandémie de Covid 19.
Sa lutte interne
Sa nouvelle vocation s’accompagnait d’une lutte intérieure cachée. Extérieurement, elle est restée la sœur avec le sourire doux, qui prenait corps et âme soin des pauvres, malades et mourants. Mais à l’intérieur, elle ne sentait plus la présence de Dieu, et son âme était déchirée par des doutes de foi. Cela n’est venu à la lumière qu’après sa mort, par la correspondance avec son conseiller spirituel et ses supérieurs. Ses conseillers décrivent généralement cela comme un « processus de purification spirituelle » avec lequel d’autres grands saints ont également lutté. Christ lui-même s’est senti abandonné par son Père juste avant sa mort, mais quelques instants plus tard il rendait son esprit dans ses mains. De même, Mère Teresa, malgré les ténèbres intérieures qu’elle a vécues, est restée fidèle à sa vocation et à sa foi de Dieu jusqu’à sa mort.
Critiques et diffamations
La notoriété et l’appréciation mondiale d’une religieuse catholique « conservatrice » étaient une épine dans le pied des penseurs d’inspiration matérialiste. Un proverbe dit « aux grandes portes battent les grand vents » et un autre dit : « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ». La critique parfois très méchante de certains intellectuels, dont on ne sait pas s’ils ont levé un jour un doigt pour aider les nécessiteux, en est un bon exemple. Elle est blâmée, par exemple, pour les conditions d’hygiène inférieures dans ses maisons d’accueil, sans tenir compte du contexte et des possibilités locales. Il faut aussi regarder le but principal de son travail : redonner leur dignité spirituelle aux personnes négligées, en leur montrant une lueur de l’amour de Dieu.
L’aide matérielle offerte par Mère Teresa et son organisation consistait en premier lieu de « soins primaires », avec les ressources et les possibilités disponibles. Au cours de la période initiale, il n’y avait, par exemple, pas des analgésiques, car ils étaient réservés aux hôpitaux établis. Les seringues ont dû être nettoyées avec de l’eau. Elle a également été accusée d’être « amicale » avec certains dictateurs, oubliant qu’un chrétien ne devrait exclure personne. Son ordre est également soupçonné d’avoir été coupable de « flux d’argent suspects ». D’où ils venaient et où ils sont allés savent apparemment seulement les diffuseurs de ces messages. Les sœurs elles-mêmes vivent dans la sobriété et n’ont aucun avantage personnel.
L’accusation principale, répétée comme un mantra, sont ses points de vue « dogmatiques » sur l’avortement, la contraception et le divorce. Ils seraient « une tache noire sur sa vie sainte ». En tant que catholiques convaincus qui aiment tous nos semblables, nous ne pouvons que lui en être très reconnaissants. Mère Teresa, comme nous, était une partisane de la « planification familiale naturelle ». On ne résout pas les problèmes sociaux en éliminant des gens prénatalement, ni en les pré-éliminant artificiellement. Rien d’aussi vitriolique et contagieux que la calomnie : beaucoup d’autres grands exemples ont été souillé à titre posthume de cette manière.
Sa reconnaissance mondiale
Mère Teresa a reçu les prix suivants (source: Wikipedia)
1962: Prix Ramon Magsaysay
1971: Prix du Pape Jean XXIII pour la paix
1971: Prix John F. Kennedy
1972: Prix Nehru
1973: Prix Templeton
1978: Prix Balzan
1979: Prix Nobel de la Paix
1980: Bharat Ratna ( Le « Joyau de l’Inde »: la plus haute distinction civile de l’Inde)
1984: Prix Damian Dutton
1992 : Prix UNESCO pour l’éducation à la paix
1996: Citoyen honoraire des États-Unis
Beaucoup de choses, bâtiments, avenues, etc., ont été donnés son nom, en hommage à elle, même un avion KLM.
Sa canonisation
Sa canonisation rapide n’a pas été une surprise pour beaucoup de gens qui l’avaient connue, car ils la considéraient déjà comme une sainte vivante avant sa mort : une femme qui a mis sa vie pleinement, à la fois spirituellement et physiquement, au service de ses semblables rejetés et oubliés.
Beaucoup a été parlé au sujet des deux miracles avec lesquels elle a été successivement béatifiée et canonisée. Pour certains, ils sont inexplicables, tandis que d’autres s’interrogent sur leur miraculosité. Plus important nous parait sa vie elle-même, caractérisée par l’abnégation héroïque continue, la prière, l’enseignement, les soutiens aux malades et bien plus encore, jour et nuit au service de Dieu et de ses semblables. L’enquête ecclésiastique ne fait que le confirmer.
Le 4 septembre 2016, la veille du 19e anniversaire de sa mort, le pape François a déclaré à des dizaines de milliers de personnes qui s’étaient rassemblées à Rome (propre traduction du latin): « Après des délibérations approfondies et des prières fréquentes pour l’assistance divine, et après consultation de beaucoup de nos frères évêques, nous déclarons et confirmons que la Bienheureuse Thérèse de Calcutta est sainte et l’incluons dans la liste des saints, déterminant qu’elle doit être ainsi vénérée par toute l’Eglise. » Il louait l’œuvre de sa vie et disait d’elle, entre autres : « Dans tous les aspects de sa vie, Mère Teresa était une distributrice généreuse de miséricorde divine, se mettant à la disposition de tous par son accueil et sa défense de la vie humaine, des enfants à naître et de ceux qui étaient abandonnés et écartés… Elle s’inclina sur ceux qui étaient épuisés, laissés pour morts sur le bord de la route, et elle voyait leur dignité donnée par Dieu. Elle a élevé sa voix devant les puissants de ce monde pour qu’ils admettent leur culpabilité pour le crime de la pauvreté qu’ils ont créé.
D’elle-même, Mère Teresa a simplement dit : « Par le sang, je suis albanaise, par citoyenneté je suis indienne, par la foi, je suis une sœur catholique. Quant à ma vocation, j’appartiens au monde. En ce qui concerne mon cœur, j’appartiens entièrement au Cœur de Jésus ».