
13-12-2012
Le 4 août, l’Eglise célèbre la fête du St. Curé d’Ars. On sait de lui qu’il fit beaucoup de pénitence dans sa vie, qu’il s’infligea à lui-même de lourdes mortifications et “qu’il a tout donné et n’a gardé rien”.
Autrement dit, encore un personnage qui ne cadre pas du tout avec l’esprit de notre temps : peut-être le déclarerait-on fou aujourd’hui et peut-être le ferait-on même colloquer ! Cela vaut quand même la peine de s’arrêter à ce Saint du XIXème siècle, pour évaluer sa signification dans les contextes de son et de notre temps.
Sa vie et son histoire :
Jean-Baptiste Marie Vianney est né le 8 mai 1786 dans le petit village de Dardilly près de Lyon dans une simple – mais pas directement pauvre – famille de paysans, comme quatrième enfant. Ses parents étaient des Catholiques dévots malgré tout, dans leur temps marqué par les turbulences avant, pendant et après la révolution française et par la perte de foi qui l’accompagna. Le témoignage de ses parents, et spécialement de sa mère, ont clairement influencé et marqué la vie sacerdotale ultérieure de Jean-Baptiste Vianney. Il y apprit à prier, à prendre soin des pauvres, dont beaucoup étaient invités à la table familiale.
Après la révolution française, beaucoup de séminaires étaient fermés et le curé Balley d’Eculy décida d’ouvrir une école presbytérale où Jean-Baptiste, en raison de son grand désir de devenir prêtre, put également aller étudier. Ses connaissances et son intelligence étaient en dessous de ce qui était exigé et ses résultats furent jugés « debilissimus ». Il avait d’énormes difficultés avec le Latin, mais son zèle, sa dévotion et sa foi profonde décidèrent ses supérieurs à l’ordonner quand même prêtre en 1815. A côté de son faible intellect, Jean-Baptiste était aussi un personnage frêle qui ne n’attirait jamais l’attention. Après son ordination, il travailla environ 3 ans comme chapelain à Eculy, mais au décès du curé Balley, il fut installé le 11 février 1818 comme chapelain à Ars-en-Dombes (aujourd’hui Ars-sur-Formans).
Par sa petite stature et ses prêches considérés initialement comme peu intellectuels, il inspira plutôt la moquerie que le respect de la part de ses ouailles, de ses collègues et du monde extérieur.
Cependant, le curé profondément pieux (aussi appelé “le petit curé d’Ars”) se révéla petit à petit être un pasteur zélé dont la prédication simple mais intensément vécue attirait quand même l’attention. Il est également devenu réputé – pour ne pas dire célèbre – pour son infinie patience lors de l’écoute de la confession. Il aurait passé jusqu’à 18 heures par jour au confessionnal. Malgré le faible nombre d’habitants du village, quelques centaines, et la très petite église, des centaines de milliers de gens vinrent chaque année à Ars vers la fin de sa vie pour assister à la Sainte Messe et surtout pour se faire confesser par Jean-Baptiste Vianney.
Également sur le plan de la charité, il était très connu : il ne possédait pratiquement rien, vivait dans la pauvreté, mangeait à peine (certains jours rien d’autre que quelques pommes de terre cuites froides), et du peu qu’il avait, il donnait encore à celui qui était dans le besoin. Déjà pendant sa vie, il flottait autour de lui une ombre de sainteté, non pas illustre, ni frappante, mais par son vécu pur et profond de sa vocation de prêtre, l’exercice de ses fonctions pastorales, sa dévotion, sa foi dans les sacrements et surtout dans la confession et le pardon. Tout ceci dans une énorme simplicité, sans approches intellectuelles, simplement par sa foi.
Il décéda à Ars le 4 août 1859, après une vie de pénitence et de prière, sans jamais avoir manqué un seul instant à ses tâches quotidiennes de prêtre et de curé.
Il disait lui-même qu’il avait reçu tant de visites et de tentations du diable, qu’il dut sans cesse les combattre. Il parlait toujours de “ mon ami, le diable “, mais sa vie était un merveilleux enchaînement d’exaucements de prières, dans son combat personnel contre l’esprit malin, mais aussi et surtout au profit de ses semblables.
Vénération :
En 1905, le petit curé d’Ars fut béatifié par le pape Pie X, puis canonisé en 1929 par Pie XI.
Ses reliques sont gardées dans la nouvelle basilique d’Ars, mais son cœur repose dans une chapelle sur le côté du sanctuaire. Aujourd’hui, 450.000 pèlerins en moyenne viennent chaque année prier sur sa tombe.
Il est reconnu comme patron de tous les ecclésiastiques paroissiaux, à qui l’Eglise le propose comme exemple éclairant.
Depuis la visite du pape Jean-Paul II à Ars en 1988, un séminaire international y a été fondé où depuis lors, des dizaines de séminaristes sont préparés à la prêtrise.
Signification pour notre temps :
Cela devrait être une proposition urgente pour tous les catholiques dans le monde, mais surtout ceux de notre Occident décadent, de prier régulièrement le “St. petit curé d’Ars” pour supplier le Bon Dieu d’appeler beaucoup d’ouvriers à Sa vigne, pour que la récolte soit grande. Nous conseillerions à nos prêtres de méditer sur Saint J.B. Vianney, pour obtenir de l’inspiration et de la persévérance dans leur fidélité à l’Eglise et à leurs tâches pastorales, mais également pour les aider dans l’expérience de la simplicité de notre foi. Mais pour quel prêtre contemporain l’exemple de Jean-Baptiste Marie Vianney serait-il “ éclairant “, sa foi profonde, son zèle presbytéral pastoral dans l’annonce de la vraie doctrine de l’Eglise, dans l’octroi du pardon dans le sacrement de la confession, dans l’expérience du don de la charité sans jamais demander ? Tout ceci caractérisé par la simplicité, bien plus que par une annonce cérébrale savante où la parole de Dieu et les traditions de l’Eglise sont perverties et interprétées de façon hérétique… ?
N’est-ce pas une tâche pour nous laïcs, de prier pour des vocations réelles et nombreuses pour la zone de mission européenne, pour des prêtres qui s’inscrivent cœur et âme dans la grande tâche de la nouvelle évangélisation ?
Puissent le St curé d’Ars et sa sainte favorite, Philomène, qu’il priait chaque jour, intercéder auprès de Dieu pour notre Eglise en (grande) détresse.
L.P.
(*) Ndlr. L’histoire de la vie de H. Jean Baptiste Vianney doit être située dans l’esprit du temps de l’époque, magistralement évoqué dans « Les Misérables », le roman social bien connu de Victor Hugo. Ni les valeurs très louées des « Lumières », ni la Révolution Française qui s’ensuivait et ses excès cruels, ni les glorieuses batailles du self-made empereur Napoléon, n’avaient éliminé les inégalités sociales. Dans cette histoire, dans un contexte historique bien documenté, c’est Mgr Myriel de Digne qui donne son argenterie à l’ex-détenu Jean Valjean, qui l’avait volé. Par ce geste généreux, il converti l’âme amère de ce dernier et le met sur la voie d’une vie féconde, dans laquelle il utilise ses talents au service de ses semblables. Tel était le Petit curé d’Ars : tout donnant et s’effaçant pour permettre à beaucoup de découvrir ou redécouvrir le vrai sens de leur vie.